Stefano Mancuso

Interview de Stefano Mancuso, chercheur italien en neurobiologie végétale et auteur du livre Nous, les plantes, nommé pour le Prix du livre environnement 2022 :


🌿 Idée principale du livre

Mancuso imagine une « constitution écrite par les plantes ».
L’objectif : apprendre des végétaux une autre manière de vivre, plus équilibrée, respectueuse et durable.

Les plantes représentent 86 % de la biomasse de la vie sur Terre, tandis que les animaux (humains inclus) ne comptent que pour 0,3 %.
Elles constituent donc le cœur du vivant et devraient être considérées comme nos parentes et nos maîtres à penser.


🌱 Les différences fondamentales entre plantes et animaux

  • Les plantes produisent l’énergie (grâce à la photosynthèse), tandis que les animaux la consomment.

  • Les plantes sont immobiles, elles doivent donc résoudre les problèmes là où elles se trouvent, ce qui démontre une forme d’intelligence adaptative.

  • Leur organisation est décentralisée, sans organe unique vital : cela les rend plus résilientes que les animaux.
    → Cette organisation est comparable à un réseau Internet, tandis que celle des animaux (et des sociétés humaines) est pyramidale et hiérarchique.


🌍 La “Nation des plantes”

Dans son livre, Mancuso imagine les plantes comme une nation mondiale, régie par une Constitution du vivant :

  • Elle ne reconnaît aucune hiérarchie, mais favorise la coopération et la démocratie naturelle.

  • Elle s’applique à toutes les formes de vie, pas seulement à l’espèce humaine.

  • Elle promeut le secours mutuel entre les êtres vivants plutôt que la compétition.


🤝 Coopération plutôt que compétition

Contrairement à la “loi de la jungle” souvent mal interprétée, l’évolution repose surtout sur la coopération.
Darwin et Kropotkine avaient déjà montré que les espèces les plus adaptées — et non les plus fortes — survivent grâce à l’entraide et à la symbiose.
Les plantes, interconnectées par leurs racines et les réseaux fongiques, en sont un modèle parfait de solidarité écologique.


🌳 Vision pour l’avenir

Mancuso rêve d’un monde où les humains, les animaux et les plantes cohabiteraient harmonieusement, y compris dans les villes.
Aujourd’hui, la densité végétale urbaine est très faible (environ 7 %).
Il souhaite des villes végétalisées, où les plantes auraient leur place dans et autour des bâtiments, pour rétablir le lien perdu entre les humains et le monde végétal.


📚 Références citées

  • Lynn Margulis : sur la symbiose et la coopération comme moteurs de l’évolution.

  • Pierre Kropotkine, L’entraide, un facteur d’évolution.

  • James Lovelock, créateur de l’hypothèse Gaïa.


💡 Son déclic écologique

En étudiant la forêt, il a été bouleversé par la vitesse de destruction des écosystèmes : des zones autrefois vivantes ont totalement disparu en vingt ans.
C’est ce constat qui a nourri sa réflexion sur la sagesse des plantes et la nécessité d’apprendre d’elles.

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